Le sucre,  un plaisir devenu tabou dès qu’on le remet en question….

Je voulais parler du sucre mais je m’aperçois que ce thème est assez délicat … On peut parler d’alcool, de gluten, de sommeil, de digestion… Mais toucher au sucre ? Là, on frôle le tabou.

Le sucre n’est pas qu’un ingrédient : c’est un symbole émotionnel puissant. Il évoque l’enfance, les anniversaires, les gâteaux du dimanche, les récompenses après un effort, le chocolat chaud en hiver, les bonbons avec les copains/copines, c’est une valeur sûre pour faire plaisir aux enfants…… C’est doux, joyeux et rassurant et pratique !!!!

Alors, quand on commence à le remettre en question, à en parler autrement que comme d’un “petit plaisir de la vie”, on dérange. On devient vite “celle qui se prend la tête”, “la relou du goûter”, voire “celle qui ne sait pas vivre”. (ahah je sais de quoi je parle … c’est du vécu)

Et pourtant, le sucre ne touche pas que notre silhouette : il agit sur nos cellules, notre caractère, notre cerveau, notre humeur, nos choix, notre santé au quotidien, nos petites douleurs….

Tu te dis peut-être que le sucre, ce n’est pas si grave. Après tout, on en a tous besoin pour avoir de l’énergie, non ? Et puis un petit carré de chocolat ou un morceau de pain, ce n’est pas la fin du monde…

Mais ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que le sucre qu’on consomme au quotidien, celui des céréales, des biscuits, des yaourts sucrés, des jus de fruits, des sauces, des plats préparés, du pain, du pain de mie, des pâtes, des sodas, des pâtisseries, du chocolat, des pains au lait… agit comme un poison lent dans notre corps.

Attention, je ne parle pas du sucre naturel qu’on trouve dans les fruits entiers, accompagnés de fibres, de vitamines et d’antioxydants.
Je parle du sucre raffiné, du glucose, du fructose ajouté, de l’amidon transformé. Bref, du sucre caché partout dans notre alimentation industrielle moderne.



🌿Le sucre est partout… parce qu’il rapporte gros

Pourquoi les industriels en mettent-ils partout ? eh bien parce qu’ils savent très bien que le sucre agit sur notre cerveau comme une drogue. Il stimule les zones du plaisir, il rend accro, il nous fait revenir, il nous fait consommer…
Et surtout : il ne coûte rien à produire…

Le film "Sugarland"  (je vous le conseille, il est vraiment intéressant) montre très bien à quel point le sucre est omniprésent dans les produits même dits « sains ». En quelques semaines, le réalisateur – pourtant mince et en bonne santé – a vu son corps et son esprit changer radicalement, simplement en mangeant ce que la plupart des gens mangent tous les jours.

Des expériences sur les souris ont montré qu’elles préféraient revenir au sucre qu’à la cocaïne. C’est dire sa puissance.



🌿Ce qui se passe réellement dans ton corps quand tu manges du sucre…

Quand on mange du sucre (que ce soit du sucre blanc, du pain blanc, des pâtes ou un snack sucré), voici ce qui se passe étape par étape dans notre corps :

1️⃣ L’ingestion :
Le sucre arrive dans notre bouche, commence à être décomposé par les enzymes salivaires, puis poursuit son chemin dans le tube digestif.

2️⃣ L’absorption :
Une fois dans l’intestin, il est rapidement absorbé dans le sang. Résultat : le taux de sucre dans le sang (glycémie) grimpe en flèche.

3️⃣ L’alerte du pancréas :
Le corps détecte ce pic de sucre. Pour éviter que le glucose ne reste en circulation (car à forte dose, il est toxique pour les cellules), le pancréas libère une hormone : l’insuline.

 4️⃣ Le stockage express :
L’insuline agit comme une clé qui permet au glucose d’entrer dans les cellules pour y être utilisé comme énergie.
Mais si tu n’as pas besoin de toute cette énergie tout de suite (parce que tu es assis à ton bureau ou sur ton canapé), alors :
✔ Une partie du sucre est stockée dans le foie et les muscles sous forme de glycogène (réserve rapide d’énergie, mais limitée).
❌ Le reste est transformé en graisse et stocké dans les cellules adipeuses pour être "neutralisé", afin de ne pas circuler librement dans le sang et créer des dégâts.

5️⃣ L’inflammation silencieuse :
Ce stockage chronique entraîne un excès de graisse, en particulier autour des organes (graisse viscérale), ce qui favorise une inflammation qu’on appelle de bas grade dans tout le corps ( = inflammation chronique silencieuse c’est-à-dire une inflammation à faible intensité mais permanente). Cette inflammation est à l’origine de nombreux troubles : peau, digestion, douleurs chroniques, fatigue, dérèglements hormonaux…

6️⃣  Le cerveau entre en jeu :
Le sucre stimule la dopamine, la molécule du plaisir. C’est ce qui nous donne un petit “shoot” de bien-être après un biscuit.
Mais plus on consomme de sucre, plus il faut en consommer pour retrouver le même effet : le cerveau s’habitue, et c’est là que commence l’addiction.

7️⃣ Les bactéries demandent leur dose :
Dans l’intestin, le sucre nourrit des bactéries dites “pernicieuses”. Et comme ce sont des organismes vivants, elles réclament leur dose ! Résultat : plus tu en manges, plus tu en as envie.
À l’inverse, si tu commences à consommer des aliments fermentés ou riches en fibres, tu aides les bonnes bactéries à reprendre leur place, ce qui diminue naturellement ton envie de sucre.

8️⃣ Et ton humeur dans tout ça ?
Les pics de sucre entraînent souvent des chutes brutales de glycémie (hypoglycémie réactionnelle), ce qui peut provoquer irritabilité, fatigue, nervosité, fringales… et un cercle vicieux qui s’installe. On mange pour se calmer, et on s’épuise de l’intérieur.



🌿Mais surtout pourquoi devient-on accro ?

Parce que le sucre change ton microbiote (= la flore de bactéries dans tes intestins).
Plus tu manges sucré, plus tu nourris des bactéries qui adorent le sucre… et qui te le réclament !

Ce sont des bactéries « sucrivores », elles se nourrissent de glucose, fructose etc…. Quand on consomme beaucoup de sucre, ces bactéries prolifèrent
Et comme ce sont des êtres vivants, elles veulent survivre.

Ces bactéries à sucre ont littéralement faim et vont manipuler ton cerveau et t’envoyer des signaux de fringale, de frustration, d’irritabilité jusqu’à ce que tu craques

.Résultat : plus on nourrit les mauvaises bactéries → plus elles grandissent → plus elles réclament leur dose.

Mais bonne nouvelle : tu peux les affamer.

-          En mangeant des aliments riches en fibres, en prébiotiques et en ferments lactiques, on repeuple progressivement l’intestin avec des bactéries bénéfiques.

-          Ces bonnes bactéries aiment les aliments acides, amers, végétaux, fermentés…

-          Et quand elles prennent le dessus, ton corps ne réclame plus autant de sucre.

Donc tu changes ton assiette → tu changes ton microbiote → ton microbiote change tes envies.



🌿Le sucre ne fait pas que grossir. Il nous transforme.

Le sucre ne fait pas juste "grossir". Il agit comme un puissant perturbateur interne :
il dérègle nos hormones, nourrit les mauvaises bactéries, fatigue le foie, enflamme les tissus et crée une dépendance réelle.

Ce qui modifie notre caractère, notre énergie, notre santé mentale et notre résistance.

Il crée des pics d’énergie suivis de chutes brutales → fatigue chronique.
Il brouille notre concentration → brouillard mental.
Il déséquilibre nos hormones → irritabilité, anxiété, compulsions.
Il pousse notre corps à se défendre → stockage, inflammation, maladies silencieuses.

Et comme il se cache partout, on pense parfois manger sain… alors qu’on est sous l’emprise d’un ingrédient ultra-transformé, qui perturbe lentement notre équilibre.

Mais la bonne nouvelle, c’est que ce cercle peut s’inverser. Il suffit parfois de changer quelques habitudes, de nourrir les bonnes bactéries.



🌿Mais pourquoi il est si difficile de l’arrêter ?

Parce qu’on a grandi avec lui. Parce qu’il est socialement accepté. Parce qu’il est associé au plaisir, au réconfort, à la récompense. Parce qu’il est partout : dans le goûter des enfants, le petit déjeuner, l’apéritif, les plats préparés…

Et aussi parce qu’on ne comprend pas toujours pourquoi on va mal.

On se dit “je suis fatigué(e), c’est normal, c’est la saison”, “j’ai du mal à digérer, c’est l’âge”, “j’ai envie de sucre, c’est que mon corps en a besoin”…

Mais souvent, ce qu’on appelle “besoin” est en fait une dépendance déguisée.



🌿Des alternatives intelligentes…

Mais on peut changer les choses sans pour autant vivre dans la frustration ou la privation. Il existe des alternatives naturelles, à faible impact glycémique (c’est-à-dire qui ne provoquent pas de pic de sucre dans le sang), comme :

- Le sucre de coco
- Le sirop d’agave ou de yacon
(avec modération quand même)
- Les dattes entières (pas les sirops !)
- Le miel brut, en petite quantité
- Le sucre des fruits

Le sucre des fruits entiers, du miel ou du sirop d’érable est moins addictif car :
- Il arrive dans le corps avec des nutriments protecteurs,
- Il a un effet plus lent et plus doux sur la glycémie,
- Il ne stimule pas autant le circuit de la récompense.
Bien sûr, consommés en excès, même ces sucres naturels peuvent poser problème. Mais ils sont nettement moins nocifs que le sucre raffiné.

Mais l’idéal reste de rééduquer son palais : moins de sucre, plus d’amertume, plus d’acidité, plus de vrai goût.
Et c’est assez rapide.

Un ami m’a raconté qu’après avoir eu des problèmes de peau, son médecin lui a prescrit un aliment fermenté à consommer quotidiennement pendant un mois. Résultat : ses envies de sucre ont disparu et sa peau s’est nettement améliorée. Une belle preuve du lien entre notre microbiote intestinal, notre appétence pour le sucre et notre santé globale.



🌿En résumé : le sucre nous change, et pas en bien

Ce que je voulais expliquer avec cet article, c’est que le sucre n’est pas juste une question de poids.

C’est une question :
- d’inflammation
-
de vieillissement accéléré
-
de dépendance chimique
-
de déséquilibre intestinal
-
de santé mentale
-
de forme, d’énergie, d’humeur, de caractère

C’est quand même un peu la faute d’un système qui nous a rendus accros dès l’enfance, sans nous dire ce que ça impliquait. Le système agroalimentaire sait très bien ce qu’il fait en ajoutant du sucre partout : il crée des consommateurs fidèles.

Mais on peut reprendre le contrôle. Déjà en comprenant ce qui se passe, en changeant quelques habitudes, et en ajoutant quelques nouvelles habitudes de consommation.

En choisissant de manger plus brut (fruits et légumes), plus vivant (légumes fermetés, cornichons, vinaigre de cidre), avec moins de sucre ou du bon sucre des fruits
En donnant à ton corps ce dont il a réellement besoin.

Et quand on commence à sortir de l’emprise du sucre, on sent une énergie, une légèreté immense revenir.

On se sent plus stable, plus serein(e), plus clair(e) dans ta tête.
On se retrouve.

Je me souviens très bien d’un moment qui m’a fait réfléchir au sucre.
La toute première fois que j’ai fait goûter un aliment sucré à ma fille – elle avait à peine 4 mois – elle a fait une grimace.
Et moi, un peu surprise, je me suis dit : « Mais pourtant, c’est sucré… elle devrait aimer ! »
Sauf que non. À ce moment-là, son corps ne connaissait pas encore le sucre raffiné. Elle n’en avait ni l’habitude, ni le besoin, ni les fameuses bactéries intestinales qui s’en nourrissent et en redemandent.
C’est bien la preuve que notre attirance pour le sucre n’est pas quelque chose d’inné. C’est une construction, petit à petit : cultivée, entretenue… parfois sans qu’on s’en rende compte.
Et ce qui est fou, c’est qu’aujourd’hui, ma fille est devenue un vrai “bec sucré”. Dès qu’il y a un gâteau sur la table, ses yeux brillent !
La boucle est bouclée. Et ça montre à quel point ce goût s’installe vite… et profondément.

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