On sait tous ce qu'on devrait manger … alors pourquoi on ne le fait pas ?
Soyons honnêtes : on sait ce qui est bon pour nous. On le sait depuis qu’on est ados. Manger des fruits et des légumes, éviter le sucre, cuisiner des produits bruts, boire de l’eau, ne pas sauter de repas… C’est pas un scoop.
Et pourtant.
On ne le fait pas.
Ou pas toujours.
Ou pas longtemps.
Et souvent, on culpabilise derrière, sans pour autant réussir à changer vraiment.
Alors pourquoi c’est si dur de bien manger, alors qu’on a toutes les infos ?
Voici quelques pistes (non exhaustives et pas moralisatrices, promis) :
1. Parce qu’on ne mange pas tout seul …
Quand on vit en famille, bien manger devient tout de suite une équation sociale.
Tu te dis que tu pourrais te contenter d’une salade… mais voilà : les enfants veulent des coquillettes jambon (encouragés par 15 ans de pubs pour le jambon bien rose et les pâtes bien moelleuses malgré des polémiques importantes autour du jambon industriel : nitrites, nitrates, viande reconstituée ou traitée, présence de résidus médicamenteux, impact environnemental et éthique de l’élevage porcin), et monsieur veut un plat « qui cale » (enfin pas tous, j’ai de la chance !).
Alors tu fais un gratin, des féculents, un dessert. Et les légumes ? Ils restent souvent dans le bac du frigo, un peu oubliés.
Manger sain, c’est plus simple quand on est seul aux commandes. Mais la réalité du quotidien, c’est un joyeux mélange d’envies, d’habitudes, de compromis… et de sauce béchamel.
2. Parce qu’on ne sait plus ce qui est vraiment bon
On croit savoir, mais on est tellement bombardés par les pubs et les slogans santé des industriels qu’on a fini par perdre le nord.
Le lait, les céréales, les yaourts, le pain… Tous ces produits sont présentés comme sains alors que les études récentes remettent en cause leur intérêt nutritionnel, voire pointent leurs effets néfastes.
Exemple typique : le pain. Beaucoup pensent que « c’est des céréales donc c’est bon ». Sauf que ce sont des céréales ultra transformées, souvent sans fibres ni nutriments, avec un index glycémique qui fait bondir ton pancréas dès la première bouchée.
Bref, on croit bien faire, mais on est perdu dans la jungle des infos contradictoires.
3. Parce que la tradition, c’est farine-beurre-sucre
Les recettes qu’on connaît par cœur, les bases de la cuisine française (et familiale), c’est : farine, beurre, sucre.
Pas cher, facile à cuisiner, et hyper ancré dans notre culture.
Mais les alternatives plus saines (purée d’amande, courgette râpée, avocat, lait de coco…), on ne les connaît pas, ou on a l’impression que c’est pour des gens bizarres.
Résultat : quand tu sors une recette de gâteau sans gluten ni sucre raffiné, on te regarde comme si tu débarquais de la planète tofu.
Alors que nos grands-parents cuisinaient bien sans produits industriels, et que c’était délicieux.
Et attention, je ne dis pas que nos grands-parents vivaient sans farine, ni beurre, ni sucre. Bien sûr qu’ils en utilisaient ! Mais ce n’était pas tous les jours, à tous les repas, dans tous les produits. Le sucre était un luxe, réservé aux dimanches ou aux confitures maison. Le beurre venait souvent de la ferme et servait avec parcimonie. La farine n’était pas omniprésente, et souvent plus complète qu’aujourd’hui.
Surtout, ils cuisinaient avec des produits bruts, sans emballages ni additifs imprononçables. Résultat : même avec un peu de gâteau ou de pain, leur alimentation restait bien plus simple, équilibrée et nourrissante que la nôtre, ultra-transformée.
4. Parce qu’on est accro à ce qui nous rend accro …
Les aliments ultra transformés sont pensés pour être irrésistibles. Texture, goût, odeur, sucre, sel, gras… tout est calibré pour que ton cerveau en redemande.
Ajoute à ça le fait que certaines bactéries de notre intestin (coucou les bactéries sucrivores) poussent à consommer du sucre et que plus tu en manges, plus ton corps en réclame… et voilà le piège.
Malbouffe appelle malbouffe.
C’est pas une question de volonté, c’est un vrai mécanisme biologique.
Et ce n’est pas qu’une impression : des études ont montré que des souris préfèrent le sucre à la cocaïne. C’est dire à quel point notre cerveau peut devenir dépendant. (Je l’avais évoqué dans un précédent post… mais ça mérite d’être répété tellement c’est fou.)
5. Parce que c’est plus simple et plus rapide …
Quand t’as 10 minutes pour manger, tu vas pas sortir ton économe et ton wok. Tu prends ce qu’il y a sous la main, et souvent, ce qu’il y a, c’est un sandwich, une pizza, une viennoiserie.
Bien manger demande un peu d’organisation, c’est vrai. Mais pas forcément des heures de cuisine non plus. Une soupe maison, un plat de légumes rôtis, une salade de tomates avocat maïs sardines, c’est faisable, même en version express.
Mais il faut anticiper un peu, et on a parfois l’impression que c’est la croix et la bannière.
Mais c’est un choix de vie aussi.
6. Parce qu’on a perdu l’habitude de cuisiner brut
Aujourd’hui, même les recettes qu’on trouve sur internet contiennent des produits déjà transformés : crème fraîche, lardons, bouillons cube, chapelure…
Et dans les stations-service ou les aires d’autoroute ? Ni fruits, ni légumes frais à l’horizon. À force, on prend l’habitude de vivre sans produits bruts. On ne sait plus comment les préparer, ni comment les rendre appétissants.
Mais bonne nouvelle : ça revient ! Petit à petit, les recettes simples et saines font leur chemin dans les esprits et dans les assiettes. Faut juste oser se les réapproprier
7. Parce qu’on est des humains bizarres ...
On sait qu’un gâteau plein de crème va nous plomber pour l’après-midi, mais on le prend quand même.
On sait qu’un fruit bien mûr est délicieux, mais on lui préfère un paquet de biscuits.
Pourquoi ?
Parce que le cerveau humain est programmé pour rechercher le plaisir immédiat, pas le bien-être à long terme.
Petite explication de pourquoi la religieuse au chocolat est perçue comme un "shoot" plus puissant qu'une mangue mûre……ahahah
Une religieuse est faite de sucre raffiné + farine blanche + gras saturé = un combo qui fait monter la glycémie très rapidement → ce pic rapide envoie un signal puissant à ton cerveau → dopamine = shoot de plaisir.
C’est comme un feu d’artifice chimique.
À l’inverse, une mangue est riche en fibres, en eau, en vitamines, en enzymes… Ces fibres ralentissent l’assimilation du sucre. Du coup, pas de pic brutal, donc plaisir plus doux, plus diffus.
Résumé : petite balade tranquille reposante vs feu d’artifice, manège à sensations.
Mais une bonne nouvelle : le corps a de la mémoire. Plus tu lui offres des aliments vivants, plus il en redemande. Et tu finis par préférer une pêche juteuse à un flan industriel. Vraiment.
8. Parce qu’on est fatigués
Le choix d’un aliment, c’est un acte de volonté. Et la volonté… s’épuise au cours de la journée.
Quand tu es fatiguée, stressée, ou que tu as pris 1000 décisions depuis 7h du matin, tu n’as plus d’énergie pour lutter contre les envies. Tu vas donc vers le plus simple, le plus réconfortant. Et souvent, c’est sucré, gras, et transformé.
Et là, ce n’est pas une question de motivation ou de "manque de discipline" — c’est juste ton cerveau qui cherche une issue de secours.
L’astuce ? Ne pas attendre ce moment-là pour décider quoi manger. Prépare à l’avance une ou deux options "safe" que tu peux attraper sans réfléchir.
Chez moi, quand je sens que je vais craquer, j’ai quelques réflexes simples : je m’épluche une ou deux carottes à croquer, nature ou avec une pointe de mayo, ou bien je me prépare un shaker Beautysané – en 30 secondes, c’est prêt, ça me cale, ça donne à mon corps ce dont il a besoin et souvent, l’envie de sucre redescend toute seule. Et si je vois que tout le monde commence à avoir faim, je n’hésite pas à avancer un peu l’heure du repas : ça évite les grignotages inutiles.
Quand le mental est en vrac, c’est l’environnement et les automatismes qui prennent le relais.
9. Parce qu’on croit que le plaisir doit être "riche"
On associe encore beaucoup le plaisir à la richesse alimentaire : du beurre, de la crème, du sucre, du croustillant.
Mais je m’aperçois que manger riche pour se faire plaisir n’est pas une règle universelle.
Dans beaucoup d’autres pays, comme le Japon par exemple, le rapport à l’alimentation est tout autre : on privilégie l’équilibre, la légèreté et le respect du corps. Le plaisir alimentaire y est lié à la qualité, à la finesse des saveurs et à la modération, plutôt qu’à la richesse ou à l’excès.
D’ailleurs, l’excès est mal vu, et le respect du corps et de la nature passe par une alimentation équilibrée. Le concept du hara hachi bu (manger à 80 % de sa faim) est culturellement valorisé.
Chez nous, en revanche, l’alimentation occupe une place centrale dans la culture, et le plaisir est souvent associé à des plats riches, gras, sucrés et copieux. Cela montre que nos pulsions alimentaires et nos envies ne sont aussi pas seulement biologiques, mais profondément influencées par notre héritage culturel.
A méditer…
En résumé
On ne manque pas d’informations.
On manque d’habitudes, de repères, de simplicité, de modèles autour de nous.
Mais ce n’est pas irréversible.
On peut réapprendre. Revenir au bon, au vrai, au simple. Pas besoin d’être parfait, ni radical.
Juste avancer pas à pas, remettre un peu plus de vivant dans nos assiettes, et de la couleur dans nos repas.